Urban News #7 - Batman Chronicles, chronique d'une recréation éditoriale
C'est la faute du confinement !
Bonjour à toutes et à tous,
Long time no read, n’est-ce pas ?
Comme je l’avais précisé dans la première newsletter, le rythme de ces Urban News devrait suivre un rythme événementiel, à savoir : motivé par des événements ou des occasions particulières.
Alors, non pas qu’il ne se soit rien passé depuis… février (au contraire), mais j’attendais d’avoir l’objet en mains et de digérer l’expérience de lecture pour vous parler un peu plus de la genèse du projet BATMAN CHRONICLES.
Je parle d’objet mais je pourrais aussi dire “petite brique d’amour” puisqu’avec le premier volume de cette nouvelle série, nous posons sans doute les fondations du projet le plus ambitieux depuis nos anthologies DC. Mais commençons par le commencement…
2020 : ANNUS HORRIBILIS
Retour forcé au bercail
Mars 2020. Nous vivions nos premières semaines de confinement quand je cherchais une manière symbolique et forte de célébrer le retour du Chevalier Noir sur grand écran (à cette époque, le film était encore attendu pour 2021). Lorsqu’il faut trouver une idée, le mieux, c’est encore de manipuler le matériel, feuilleter, tomber sur des arcs restés inédits, dormir dessus, puis chercher à créer des ensembles cohérents d’albums, etc. Mais quand on est coincé au domicile parental, sur son lit d’adolescent, entre les posters d’Adam KUBERT, de Jim LEE et de Frank MILLER, sans rien d’autres à se mettre sous la dent que sa collection de Strange et d’albums Éditions USA, eh bien, il ne reste qu’une seule alternative pour un éditeur français de DC : Mike’s Amazing World.
Si l’on devait désigner un membre à titre honorifique de l’équipe édito d’Urban, Mike aurait certainement droit à son bureau dans nos locaux depuis maintenant plus de 10 ans. C’est Yann (GRAF), éditeur chez nous, qui m’a fait découvrir très tôt cette mine d’informations sans laquelle la série BATMAN CHRONICLES n’aurait jamais vu le jour. Ce site répertorie l’intégralité des publications DC (mais aussi Marvel, Dark Horse, etc.) depuis leur création. C’est un travail titanesque sur lequel nous nous sommes bien souvent reposés pour composer le contenu de nos éditions. Mike a poussé le sens du détail jusqu’à décompter les pages de BD (indispensable pour bâtir nos chemins de fer) de chaque épisodes jamais publiés. Aussi, à force de jouer avec les filtres, j’ai sorti la liste exhaustive des publications Batman que j’ai passée plusieurs journées (ou semaines, ma perception du temps était légèrement altérée pendant cette période) à rentrer dans un fichier excel, mois après mois, année après année, en débutant bien évidemment en 1939.
Mais où allais-je avec ça ?
Ce qui m’apparaît rétrospectivement comme une évidence avec le projet BATMAN CHRONICLES, c’est cette volonté plus ou moins consciente de faire passer Batman dans une autre dimension, de l’amener vers un autre niveau de reconnaissance. De donner à notre vénérable mais toujours vaillante chauve-souris de 83 ans toute sa place de référent culturel ; place que Batman détient déjà de toute évidence mais encore fallait-il, pour Urban, une ligne d’albums qui le consacre comme faisant partie intégrante du patrimoine de la bande dessinée internationale, au même titre de Tintin, Mickey, Astérix, ou encore Picsou.
BATMAN “LA TOTALE !”
ou encore Batman Perfect Edition
C’est à ce moment que l’idée, un peu effrayante, de travailler sur une série “ultime” dédiée à Batman a germé. Je l’ai repoussée plusieurs fois parce que la somme de travail à abattre me semblait beaucoup trop importante. Et puis, les jours se succédant aux nuits, je franchissais allègrement les 2500 lignes de mon document excel, passant d’une décennie à l’autre, discernant le Golden Age, Silver Age, etc., totalisant les paginations par albums, repensant à ces séries Batman, Superman, Wonder Woman, etc. Chronicles débutées par DC en 2005 puis stoppées (11 volumes pour Batman et Superman, 3-4 pour les autres).
Bref, entre les premiers dossiers en télétravail, les visios avec l’équipe, la garde de la petite et les repas en famille, je conservais en tache de fond ce chantier qui me terrifiait autant qu’il me fascinait.
Et si c’était possible ? Publier l’intégralité des titres Batman dans une seule et même série. “BATMAN LA TOTALE !!”, comme le résumera très simplement Pôl, notre directeur, lorsque je lui exposais le projet quelques mois plus tard.
Premier constat : débuter, comme DC, par le Golden Age, c’était selon moi la vautre assurée. L’expérience de DC allait donc me servir de leçon, même si depuis ils ont connu plus de succès avec leur gamme d’omnibus pour le Golden, Silver et Bronze Age. Pour pérenniser un tel projet qui, s’il fonctionnait, donnerait du boulot à une génération d’éditeurs après nous (au minimum), il fallait trouver la période qui allait intéresser le plus grand nombre. Et, à ce moment précis, les premières images de The Batman de Matt REEVES, très inspirées de BATMAN ANNÉE UN et UN LONG HALLOWEEN, commençaient à nous parvenir. Et avec elles, c’était une attention renouvelée qui se portait sur notre ami, vous savez…
Aussi, quelle meilleure porte d’entrée que l’année 1987 ?
1987 reste évidemment l’année de publication des Batman #404-407 de Frank MILLER et David MAZZUCCHELLI, tandem créatif révolutionnaire qui avait déjà ressuscité Daredevil chez Marvel l’année précédente, et qui allaient être accueillis chez DC par une autre pointure du métier : Denny O’NEIL, le scénariste qui, avec Neal ADAMS, avait lui aussi révolutionner l’homme chauve-souris au début des années 1970 et était désormais devenu l’éditeur des titres Batman. Il y avait là une histoire à raconter. Et c’est un point important de cette genèse : l’ambition de cette série BATMAN CHRONICLES, au-delà d’empiler dans l’ordre les épisodes du Chevalier Noir, c’est aussi (et surtout ?) l’occasion unique de raconter une seconde histoire, plus méta (sans doute une coquetterie d’éditeur) : l’histoire éditoriale du personnage.
LE CONTENU
Et, surtout, l'’histoire derrière les cases
Si nous veillons depuis nos premiers albums à toujours accompagner le lecteur avec la rédaction d’introductions, d’articles, de présentations de personnages (gloire soit rendue ici à Yann), j’ai toujours eu envie de pousser plus loin cet accompagnement. Pour avoir publié des monographies, aussi passionnantes soient-elles (si ce n’est pas déjà fait, lisez WATCHING THE WATCHMEN de Dave GIBBONS & Chip KIDD), on sait que proposer des bouquins trop pointus quand on est éditeur de BD, c’est risquer de ne pas rencontrer son public. Par contre, CHRONICLES, de par son concept - et grâce, entre autres, aux outils tels que le site Mike’s Amazing World -, allait nous permettre d’apporter un éclairage nouveau, année après année, et même épisode après épisode (lorsque ça se justifie, hein), capable d’intéresser le plus grand nombre tout en passionnant les experts.
Graal ultime, nous allions également pouvoir mettre la main sur les courriers des lecteurs de l’époque (on avait déjà bénéficié de ce type de bonus dans notre édition de PREACHER), mais aussi des éditos de Denny O’NEIL lui-même pour nourrir d’anecdotes, de ressentis (souvent bien sentis) le lecteur d’aujourd’hui et lui permettre de capter un peu du zeitgeist de l’époque. On découvre ainsi au fil des lectures que Batman Year One n’a pas été du goût de tout le monde lors de sa première publication :
“Année Un est un échec total et regrettable, mais c’est aussi et surtout la plus grande insulte à la face de Batman depuis la série des années 60 qui, en définitive, ressemble à un classique en comparaison. Croyez-moi, ce feuilleton n’a jamais insulté les personnages comme MILLER l’a fait, même si je n’ai rien de positif à en dire non plus.”
et Denny O’NEIL de commenter :
“Comme je le disais : ceux qui n’ont pas ADORÉ ont DÉTESTÉ.”
Et on touche carrément à l’archéologie éditoriale lorsque, entre deux courriers assez critiques de lecteurs justement appelés à devenir les auteurs de Batman quelques années plus tard, on tombe sur le commentaire suivant :
“Un ami m’a fait parvenir Batman #1-3, notant des liens stylistiques entre MAZZUCHELLI et moi - très flatteur en effet, maintenant que j’ai vu ce qu’il dessine. Un bon exemple de continuité narrative ! Approche, interprétation et finitions rappellent ce que les graphistes du même registre ont de meilleur : un mélange heureux de PRATT, MUNOZ, HERNANDEZ, BATTAGLIA et THORNE (il y a 20 ans) ; cette recette commune d’économie, de clarté, de simplicité et de bonne mise en scène inspire mes “bravos” et mon intérêt futur.
Mon seul “bouh” ira aux blocs-textes dont l’écriture cursive, trop petite et trop serrée, est une gaffe graphique.
Bonne année 1987 à tous !”
Alex TOTH
Eh ouais… Alex TOTH qui pose son commentaire sur BATMAN ANNÉE UN.
Un tel appareil éditorial allait même pouvoir révéler la valeur parfois bien cachée d’épisodes que l’on pensait anecdotiques de prime abord.
En scindant chaque année en deux albums — les épisodes de Batman dans un volume, ceux de Detective Comics dans un second —, le contenu semblait s’équilibrer de lui-même en pavés aux paginations relativement égales avec, pour les compléter, une sélection de récits complets marquants pour l’évolution du personnage, piochés parmi les classiques de l’époque. Cette possibilité d’ajouter des récits complets en fin d’album, comme une sorte de récompense, ainsi que de publier toutes les séries régulières du personnage (dont le nombre a littéralement explosé avec la Batmania de 1989), c’est aussi l’occasion de proposer du matériel plus difficilement publiable en l’état. Elseworlds, Secret Origins, Showcase, Legends of the Dark Knight, Shadow of the Bat, Gotham Knights, Gotham Nights (eh oui), etc. trouveront ainsi une terre d’accueil rêvée au sein des BATMAN CHRONICLES.
BATMAN CHRONICLES représente en effet cette occasion unique de publier dans un continuum cohérent tous les morceaux épars du mythe de Batman en une fresque ambitieuse, et en réalité unique au monde. D’un point de vue plus prosaïque, CHRONICLES permet également de répondre à deux problématiques éditoriales :
La réimpression de runs qui ont fait leur temps, à l’image de No Man’s Land ou de Knightfall qui ont chacun bien fonctionné à leur sortie mais que l’économie actuelle ne nous permet plus de maintenir en l’état au catalogue. Car lorsqu’il faut réimprimer à 2 000 exemplaires minimum une série de six albums de 500 pages qui mettront 4 ans à s’écouler (dans le meilleur des cas), eh bien, je peux vous dire que cela coûte très (très) cher en stockage, entre autres.
La publication de récits qui, sortis de tout contexte, font figure d’albums hors-sols. Je pense notamment à certaines mini-séries type Battle for the Cowl, dont la question de la publication s’est posée plusieurs fois ces dernières années. Dans certains cas, cela équivaudrait presque à publier Batman R.I.P. sans le mettre en perspective avec le run de Grant MORRISON. Créer un ensemble cohérent, une continuité recontextualisée, un écosystème en fait est, à mes yeux et avec l’expérience, la meilleure façon de présenter ces récits qui, seuls, et malgré leurs qualités intrinsèques, auraient du mal à justifier leur existence dans les rayons des libraires. Surtout à l’heure où les places sont à ce point rares et chères.
Bref, on s’approchait donc de la bonne formule. Restait à définir l’objet qui allait accueillir tout ce contenu.
Mais avant ça, et puisqu’on évoque le contenu, un petit avant-goût de ce qui vous attend pour 2023.
//MISE-EN-GARDE ON//
Voici le planning et le contenu prévu, si tout se passe bien (si on trouve le papier nécessaire, en gros), pour 2023. Aussi, prenez ces informations plus comme une note d’intention que comme une promesse (mais on va tout faire pour qu’elle se réalise !).
//MISE-EN-GARDE OFF//
PREMIER TRIMESTRE 2023
Batman Chronicles 1988 vol.2 – 608 pages
Contenu :
Detective Comics #582-595
Detective Comics Annual #1
Batman: The Cult #1-4 : Bernie WRIGHTSON & Jim STARLIN, une mini-série d’une rare violence qui, à l’image du DARK KNIGHT RETURNS de MILLER, entreprend de déconstruire le mythe de Batman.
Batman Chronicles 1989 vol.1 – 632 pages
Contenu :
Batman #430-443
The New Teen Titans #60-61
Batman Annual #13
Secret Origins Special #1
Secret Origins #36, #39, #44
Batman : The Official Adaptation : un phénomène médiatique trop important pour ne pas l’intégrer à la série et commenter son impact éditorial.
DEUXIÈME TRIMESTRE 2023
Batman Chronicles 1989 vol.2 – 624 pagesContenu :
Detective Comics #596-609
Detective Comics Annual #2
Arkham Asylum : "A Serious House on Serious Earth" : là encore, un récit pivot sur la manière dont le personnage sera perçu pour les décennies à venir.
TROISIÈME TRIMESTRE 2023
Batman Chronicles 1990 vol.1 – 568 pagesContenu :
Batman #443-457
Batman Annual #14
Detective Comics #615
Secret Origins #50
Batman : "The Man Who Falls", extrait de Secret Origins of the World's Greatest Super-Heroes
Batman : Bride of the demon : le deuxième acte de la trilogie dédiée à Ra’s al Ghul, dessinée par Norm BREYFOGLE, et que certains ont déjà pu découvrir dans l’album LA SAGA DE RA’S AL GHUL.
QUATRIÈME TRIMESTRE 202
Batman Chronicles 1990 vol.2 – 528 pages
Contenu :
Detective Comics #610-624
Detective Comics Annual #3
Suicide Squad #40-43 : on poursuit l’étude de la relation entre Batman et Amanda Conner.
Et pour 2024, un troisième volume pour l’année 1990 qui débutera la publication de la troisième ongoing/série à suivre de l’époque : Legends of the Dark Knight !
LE CONTENANT
XXX
Cela fait 10 ans qu’Urban est connu pour ses collections uniformisées, dos noir, paginations pouvant avoisiner les 500 pages, etc. Bref, avec les germes de notre collection Nomad qui avaient déjà essaimé deux ans avant le confinement, l’idée de proposer des albums plus “pratiques” faisait tranquillement son chemin… S’il y a quelque chose que j’ai appris au cours de ces 10 dernières années, c’est que l’on édite les bouquins que l’on voudrait avoir chez soi, en espérant que cette envie soit la plus universelle possible (on n’est pas loin de l’impératif catégorique de KANT, mine de rien). Et après avoir fait du cartonné un élément constitutif de notre identité, il est assez agréable de pouvoir faire évoluer cette même identité (le même fleuve, jamais la même eau… Vous vous souvenez d’HÉRACLITE dans la première newsletter ?).
Aussi, au sujet de CHRONICLES, j’ai tout de suite écarté le cartonné. Je savais que la pagination moyenne de ces volumes allait avoisiner les 450 pages, et je voulais avant tout proposer quelque chose de pratique et d’agréable à manipuler : après avoir expérimenté sa robustesse pour notre gamme Kids, le choix de l’intégra - cet entre-deux entre le souple et le cartonné - est devenu rapidement une évidence. C’était d’ailleurs également le façonnage retenu par Glénat pour leur adaptation française de la Don Rosa Library de Fantagraphics. Ajoutez à cela un signet qui permettra à chacun de reprendre sa lecture sereinement, et l’objet commençait devenir cohérent.
Par manque de temps, je ne relis pas suffisamment nos albums une fois imprimés mais je fais généralement une exception pour les nouveaux formats que nous inaugurons (le dernier en date était le premier volume de l’intégrale de EAST OF WEST dans son Grand Format Urban). Eh bien, le plaisir a été réel pour ce BATMAN CHRONICLES 1987 vol.1. Et ce type de validation est toujours un sentiment heureux lorsque vous passez des mois à concevoir un objet mentalement. Lier contenu, format et praticité en un tout harmonieux tient souvent du miracle. Il arrive souvent qu’on ait raté un détail, on pense aussi à ce qu’on aurait pu améliorer, etc. Et pour ce premier volume, honnêtement, et à part les quelques coquilles habituelles (mais pas tant que ça), le bilan est extrêmement positif.
Et unanime.
Ce qui est au final assez rare en interne (le Grand Format Urban et, plus récemment, notre prototype de WATCHMEN au format Nomad ont suscité la même unanimité). Dès lors que votre compagne, votre boss et/ou d’autres personnes plus ou moins proches de la sphère comics vous disent que “l’objet est beau et qu’on a envie de le tenir en mains”, on sait qu’on s’approche du bon résultat. Après, est-ce que cela signifie que l’on tient un succès instantané ? Je ne pense pas. C’est au lectorat, et au libraire, de transformer cet objet cohérent en classique, ou non. Et à nous, éditeurs, d’installer la collection comme incontournable.
LA COUVERTURE
Le choix de l’éditeur
L’autre grand plaisir lors de la conception de la série a été la réalisation des couvertures. Après avoir voulu réinventer la roue (je vous passe les essais), je suis revenu au modèle d’origine : un Batman reposant sur le titre “Batman Chronicles”. C’était à la fois simple, fort et suffisamment identifiable pour créer l’esprit de collection recherché. Et quel bonheur ça allait être que de chercher le Batman en pied qui allait incarner chaque année. Vous le verrez, les choix seront évidemment très subjectifs (j’ai choisi le Batman de Todd McFARLANE pour le second volume de 1987 là où celui d’Alan DAVIS aurait été tout aussi recevable). Cependant, quel que soit le choix, il devra être représentatif de l’époque. Et nous allons très bientôt pouvoir redonner aux Batman de Norm BREYFOGLE toute leur place ! D’ailleurs, en petite exclusivité, voici la couverture du BATMAN CHRONICLES 1988 vol.2 qui arrivera en janvier 2023
L’autre principe graphique rapidement mis en place a été la frise des différents Batman, là encore représentatifs des époques parcourues. Un petit aperçu de ce qui vous attend :
LE TRAVAIL D’ÉQUIPE
De l’intention à la réalisation
<EDIT> Ma mémoire sélective me joue des tours puisque j’ai omis bien involontairement de citer Yann qui a largement contribué à bâtir le concept de la collection lorsque nous cherchions des idées pour fêter le retour de Batman au cinéma. DC CHRONICLES, ou du moins, ce qu’elle allait devenir, était une idée qui revenait régulièrement dans nos discussions et qui s’est, entre autres, nourrie de notre expérience sur DC CONFIDENTIAL. Cette dernière était déjà une tentative de publier des récits qui, publier seuls, auraient peiné à trouver leur public. Aussi, nous avions trouver ce concept d’"histoire secrète de DC Comics”. Des récits pas assez importants pour rivaliser avec les Crises de l’éditeur mais qui marquaient néanmoins durablement le parcours des héros DC. On retrouve dans CHRONICLES cette volonté d’intégrer dans un ensemble cohérent des récits jugés “mineurs” mais qui font pourtant tout le sel d’un personnage sur la longueur.</EDIT>
Au-delà de sa conception pendant le premier confinement, alimentée par les réflexions de Yann donc, cette petite aventure éditoriale est également le résultat d’un travail d’équipe. D’Arthur qui s’est assuré que les trains arriveraient bien à l’heure entre la traduction, le lettrage, les relectures, le départ en impression, jusqu’à l’arrivée de nos exemplaires dans les bureaux (je vous passe les 4 mois de retard et les multiples décalages pour cause de pénurie de papier…). Le travail également de Jérôme WICKY qui s’est attelé à la traduction des épisodes inédits et des surprises de dernières minutes, que j’exhumais des courriers de lecteurs. De Jim LAINÉ pour avoir synthétisé l’ensemble de ses connaissances et recherches en une série d’articles qui sont venus enrichir ce premier album. De Benoît qui a traqué le papier des mois durant, qui nous a également permis d’imprimer ce titre en France (luxe beaucoup trop rare) et, surtout, d’obtenir un objet en tous points conforme au projet initial (à un détail près ceci dit : une centaine d’exemplaires ont “bénéficié” d’un signet vert sombre et non noir. Regardez bien votre exemplaire. Si c’est vert, vous détenez une édition un peu unique ;)).
Qu’ils soient tous ici remerciés !
LE MEILLEUR POUR LA FIN
Entre ici, Bob GREENBERGER !
Alors que nous étions en train de boucler notre premier volume, et malgré cette intuition d’être sur la bonne voie à pas mal de niveaux, il me manquait encore quelque chose. En étudiant le contenu du volume suivant, j’avais été incapable de récupérer suffisamment de courrier des lecteurs ou d’éditos pour documenter les épisodes. C’est alors que je me suis souvenu des textes éditoriaux très fournis de Bob GREENBERGER que nous avions récupérés et traduits à l’occasion de l’album LA CIBLE DE DEADSHOT. Pouvoir lire la prose d’un éditeur de l’époque (il encadrait ici le travail de Kim YALE et John OSTRANDER sur la mythique série SUICIDE SQUAD) avait été une plus-value inestimable. J’avais été touché par la générosité des détails qu’il apportait aux processus créatifs, mais aussi par la transparence de ses anecdotes. Aussi, au détour de recherches nocturnes sur le net, je me rappelais que Bob, après avoir quitté ses fonctions chez DC, continuait d’apporter son expertise aux équipes de l’éditeur, en plus du métier d’enseignant qu’il exerce en parallèle. L’intuition d’avoir trouvé l’élément manquant de cette formule s’est faite encore plus vive : il fallait que je le contacte. Après lui avoir exposé le projet, il a accepté de mettre sa plume au service de la collection et s’est même montré très enthousiaste. Nous allions donc pouvoir profiter de l’expérience inestimable de Bob, assistant éditorial puis éditeur au moment où paraissaient les épisodes que nous publierons dans la série. Bref, un témoins contemporain qui allait nourrir nos rédactionnels de ses recherches et anecdotes
Pour être complet, Bob a été également éditeur de la DOOM PATROL de Grant MORRISON (il signe d’ailleurs à la première personne la postface de notre premier tome d’ANIMAL MAN), de la SUICIDE SQUAD de John OSTRANDER, et il est l’auteur de nombreux ouvrages et encyclopédies sur les super-héros DC comme Marvel. Je vous laisse découvrir sa bibliographie ici.
De fait, Bob est absent de la rédaction du premier volume, mais il nous rejoint dès le BATMAN CHRONICLES 1987 volume 2 à paraître en septembre prochain. Et croyez-moi, recevoir ses textes, c’était comme un matin de Noël en plein mois de mars.
Voici qui clôt le récit de la genèse de la série BATMAN CHRONICLES à laquelle nous souhaitons une belle longévité !
RECOMMANDATIONS PERSONNELLES
Extraits d’une mémoire trop sélective…
ComicBookHistorians : un compte twitter particulièrement instructif sur l’histoire des comics, avec principalement des morceaux d’interviews de créateurs qui nous a amené Yann et moi vers
The Late Show 1989 Batman Special : un documentaire de BBC 2 d’une quarantaine de minutes où défilent Frank MILLER, Jerry ROBINSON, Will EISNER, le fils de Bill FINGER et bien d’autres pour commenter le phénomène que devenait Batman. A noter la sympathique reconstitution de la Batcave en introduction de la vidéo :)
L’Artisan Edition du Silver Surfer de John BUSCEMA est sortie ! Et comme attendu, j’ai pris une claque par page. (Et prenez la chez Pulp’s ! La mienne est arrivée avec un coin tapé… Le karma sans doute : /)
L’interview (d’1 heure !) de Ram V sur la chaîne de DevianProd. Super boulot et encore bravo ! Et en plus c’est sous-titré VF !
L’occasion également de saluer la constance de Boris qui nous propose quotidiennement chroniques et interviews sur ComicStories.
Et toujours au top : les podcasts de First Print qui m’accompagnent chaque matin sur le chemin du bureau.
Oh, vous vous souvenez du catalogue dont je vous parlais en long et en large dans la dernière newsletter ? Si vous n’avez pas pu mettre la main sur un exemplaire (et que votre libraire continue de vous l’agiter crânement sous le nez), voici le lien pour le récupérer ! Bonne lecture !
Allez, il est temps de boucler ce post… et d’attaquer le suivant si je veux pouvoir le mettre en ligne avant 2023 ;)
A très bientôt !
Merci François pour cette transparence, le retour des newsletters, ça fait du bien !
Encore une fois, une tonne d'informations hyper intéressantes, sur un très beau projet.
(Je dois avoir une édition encore plus unique : pas de signet sur la mienne, oups... ce n'est pas grave ^^)
Très hâte de suivre (et soutenir) cette collection en tout cas, en espérant qu'on soit assez nombreux à le faire pour qu'elle aille très très loin...
Bel été à toute l'équipe d'Urban !
Je viens de constater que le tome 1988 a été décalé à mi-janvier 2023 soit plus de 4 mois après celui de 1987 vol 2.. Cela est extrêmement frustrant !!
Cela met donc déjà à mal le planning de l'année prochaine..
Cette collection est en tout cas vraiment belle et j'espère qu'elle se poursuivra sur les décennies avant 1980 et après 2011!!
Le travail éditorial est topissime, du jamais vu pour ma part, et nous permet nous plonger dans les entrailles des productions d'alors et de mieux connaitre les auteurs de l'époque. C'est une bible pour tout amateur de comics. Quand je pense qu'avant Urban les publication françaises de DC étaient tellement bidon, ça fait du bien de tout reprendre à zéro et en format 5 étoiles!!